Soit plus que cela! [ft Andal Skirata] - Terminé

Andal Skirata & Charlie Turner
An 2122, Gotham City, 13 ans en arrière

"Allô?"

"..."

La voix à l'autre bout du fil est  à peine audible. Quand je suis dans cette pièce en test, je n'arrive de toute façon pas à me contrôler. La peur m'a quitté assez rapidement, mais l'angoisse elle, ah, elle ne m'a jamais abandonnée. Le rituel est toujours le même, les gorilles de mon père ne m'adressent pas la parole, ils ne me regardent pas. Ils n'interviennent plus depuis trois ans, la dernière fois où j'ai tenté de fuir le labo. Je m'installe sur le lit de métal qui a remplacé l'ancien de cuir. Je l'aimais bien... ça faisait moins mal au réveil, après les convulsions. Et là mon père lance le diagnostique. C'est la partie que je déteste le moins, celle où il évalue mes progrès. Viennent enfin les injections. Jamais au même endroit. Il me l'a expliqué, on laisse chaque muscle s'habituer deux semaines aux produits, donc en deux semaines, on a le temps d'en trouver, des endroits ou piquer. Encore que piquer n'est plus le verbe exact depuis quelque temps, mes changements hormonaux ont déréglé ma croissance et mes capacités se sont accrues de manières trop exponentielles. Les piqûres ne percent plus ma peau. Non, maintenant il faut forer. C'est ce que je redoute chaque soir, deux fois par semaines, trois lorsqu'il pense avoir découvert quelque chose de nouveau.
Je suis surprit que le cheminement de mes pensées soit encore aussi clair. La pointe est profondément enfouie dans ma nuque. Liaison cognitive, a-t-il marmonné en même temps qu'il s'affairait. C'est là que le téléphone avait sonné. Il venait d'abandonner l'engin sur ma nuque et l'un de ses gus le tenait précautionneusement. Parfois, j'aurais juré qu'ils avaient plus de remords pour moi que mon père.

"Oui ma chérie, on va bien... Où ça? Au Bowl'Slayer. Charlie fait des misères tu devrais devoir ça! J'ai jamais vu quelqu'un réussir trois strike d'affilé aussi facilement. ... Oui, un vrai pro, il tient de toi faut dire".

"..."

"Non, on sera surement de retour pour 18h, je lui ai promit d'aller un manger un bout après tu sais?"

"..."

"Oui, moi aussi je t'aime Bab' "

Il raccrocha le combiné.

-C'était Maman. Je lui ait dit ...

-J'ai entendu, je répliquais.

-Et?

-Et nous sommes en train de nous éclater dans notre fabuleuse relation père fils au bowling. Et je te mets la misère.

- J'adore quand on se comprend... On reprend?

Le bruit de l'appareil recommençant sa rapide rotation afin de s'enfoncer plus loin jusqu'à l'os. La douleur, insoutenable, même pour moi qui sent mon corps essayer de réparer les lésions presque instantanément sans y parvenir.  

-Hier les Mc Culley nous ont invité maman et moi à dîner mercredi. Ta mère a pas encore voulu te le dire, elle te prends toujours pour le petit Charlie qui s'était fait casser le nez par Bobby Sloup et qui n'aime pas dormir seul dans la maison sans nous.

Il adorait faire ça, parler de tout et de rien pendant qu'il s'exécutait sur moi. Ca devait lui donner l'impression que c'était normal, comme de partir à la pèche à deux. Je ne suis jamais partit pécher avec mon père, en seize ans pas une fois... Il reprit:

-Je lui ai dit qu'on en parlerait aujourd'hui alors voilà. Tu as le droit de rester devant la télé mais tu n'invites personne et tu te déconnecte d'internet à 23h précise. Ce n'est pas bon pour les enfants de ton âge de rester trop longtemps devant les écrans, ça bousille les yeux.

Entre deux hurlements j'arrive à lâcher:

-C'est sûr, tu m'évites toujours ce qui est mal pour moi.

-Oh... ne sois pas pessimiste, et puis on en a déjà parlé. Un jour tu me remercieras. Un jour, le monde me remercieras, et toi, il t'acclamera! Tu peux être beaucoup plus que cela Charlie.

Je m'emmurais dans le silence, le seul ici qui semblait me comprendre. Je calculais depuis que j'avais posé le premier orteil dans la pièce. Une heure et vingt et une minutes. Encore trente à tenir et neuf pour sortir de la. C'est toujours si long deux heures. Deux heures, c'est la durée la plus détestable au monde. Deux heures de cours par matières, deux heures d'expérimentations, deux heures pour regarder un mauvais film qui se finira de toute façon mal, deux heures pendant lesquelles maman va deux fois par semaine à son club de danse et pendant lesquelles elle me laisse à papa...

-Nous y voila.

Je l'entends marmonner dans ma barbe en meme temps que je sens un liquide plus frais me couler dans la nuque. Avec la douleur, j'ai l'impression que ça me brûle. Si seulement cela pouvait apaiser la douleur, comme lorsqu'il avait travaillé sur le métabolisme et la régénération... mais ça ne sera pas pour aujourd'hui.
Il retira sa main de sur ma tête et j'entendis son gant crisser lorsqu'il fit le geste aux deux hommes de me détacher. Il m'avertit.

-Ne bouge pas encore, ça prendra plus de temps à se refermer cette fois, et ta vue devrait se brouiller un peu, c'est le temps que tes pupilles s'adaptent à leur nouveau champ de possibilité. On progresse Charlie, on progresse !

Andal Skirata & Charlie Turner
An 2122

Voilà 21 ans que je le traque, mon père, cet espèce de malade qui m'a torturé toute mon enfance. Tout ça pour pouvoir assouvir sa soif de connaissance et sûrement être reconnu par ses pairs une fois ses expériences réussies. Ce qui me désole presque c'est qu'il a réussi, j'en suis la preuve. Peut être pas autant réussi qu'il l'aurait souhaité comme je lui ai foutu une raclée dès que j'en ai eu l'occasion, mais cette ordure à réussi à m'échapper. Je l'ai ensuite poursuivis de nombreuses années sans succès. Si, a part une fois où je l'ai retrouvé, un an après m'être échappé de son emprise. Mais j'ai tourné rouge et foncé tête bêche, au final il s'est encore barré tandis que je devais me dépêtrer des flics. Ensuite plus rien il a disparu, et sans l'aide de Super Woman je serais encore dans les rues à errer sans rien faire de ma vie autre que poursuivre ce fantôme. Aujourd'hui je suis un des membres les plus importants de la Ligue de Justice, et j'en suis pas peu fier. Fut un temps où j'avais presque oublié l'existence de mon géniteur. Mais je finis toujours par revenir à cette histoire dès qu'une rumeur de généticien fou se fait entendre. Comme quoi je ne pourrai jamais tirer un trait la dessus tant que je ne me serais pas occupé de lui.

En l’occurrence cette fois-ci les rumeurs portaient sur un homme qui feraient des tests sur son propre fils, de quoi me titiller grandement vous comprenez? En revanche je le connais suffisamment pour savoir qu'il est très prudent, et donc qu'une telle rumeur, si il s'agit bien de lui est plutôt, à prendre avec précaution. Ouais, surement un piège. Me voilà donc furetant dans les quartiers résidentiels de Bristol. J'ai eu beau m'être appliqué, je ne l'ai pas reconnu. Rien d'anormal, il serait capable de se lacérer le visage pour pas que je lui tombe dessus. Du coup je ne sais pas trop comment m'y prendre pour le choper. Alors j'entreprend de remonter la piste des rumeurs quitte a foncer droit dans le piège. Cette fois j'avais prévenu une alliée de ce que je faisais pour qu'en cas de gros pépin, j'ai un appui. Enfin disons surtout que c'est elle qui a insisté, sinon j'admet que je ne m'en serait pas soucié.

J'erre donc de nuit, de bar en bar, écoutant les conversations des gens. Que dalle ! Du moins jusqu'au milieu de la nuit où j'entends enfin un ivrogne parler de ce que je cherche : un taré qui ferait des tests sur des gosses. Bon la version a un peu changé mais avec le bouche à oreille à la puissance alcool rien d'étonnant. Je le questionne donc en usant de mon charme naturel, comprenez en lui filant une ou deux baffes et en lui foutant la trouille. Ainsi je remonte vers celui qui lui à raconté l'histoire. Et ainsi de suite. Je perd encore une journée complète mais j'ai progressé. Même si je ne sais pas qui à lancé la rumeur je sais de quel zone elle est partie. Plus que quelques pâtés de maison au lieu d'un énorme quartier. Je passe donc à la deuxième phase, la surveillance. Écoutes téléphoniques et observations, je remercie encore la Ligue pour me filer un petit coup de main pour la première partie, quelques mots clés peuvent suffire à diminuer mes cibles. D'après ce que je sais il aurait une famille même si ça m'étonne de lui qu'il s'en encombre ce n'est pas idiot. J'aurais justement jamais pensé qu'il oeuvre quasi à découvert le fumier. Bon plus qu'a prendre mon mal en patience et espérer que cette piste soit la bonne.

Andal Skirata & Charlie Turner
An 2122, Gotham City, 13 ans en arrière

Ils sont partis depuis une heure. Les Mc Culley n'habitent pas en ville, ils ne sont donc encore probablement pas arrivés. S'il existe un point à mon sujet que ma mère ignore, c'est bien que j'adore rester seul lorsqu'ils s'absentent de la maison. Il n'y a qu'en ces rares occasions où je peux l'être. En dehors des cours il y a les amis, les devoirs, les cours de rattrapages... Je pourrais me les éviter, loin d'être médiocre, mais les mauvaises habitudes ont la vie dure. Au début je m'étais dit qu'en faisant exprès d'être mauvais à l'école, ma mère comprendrait que quelque chose n'allait pas. Au lieu de cela, elle avait dit à mes professeurs que je faisait beaucoup d'effort, qu'il me fallait seulement plus de travail, que tout se passait bien à la maison.  Mes résultats avaient empirés, j'avais changé d'école et la rupture avait été si difficile à l'époque que je m'étais promis de me maintenir un minimum dans les notes.

Mais pas ce soir. Ce soir rien n'avait d'importance car j'étais seul, dans la cour de la maison, allongé sur l'herbe.  Il n'avait pas plut depuis deux jours, quelques nuages se faisaient la course, l'herbe n'était même pas fraîche. Je distinguait les détails des cumulus même d'ici. Le dernière expérience avait été horrible, une des plus douloureuses, mais je devais reconnaître qu'elle était la plus spectaculaire quant aux résultats obtenus. En me concentrant un peu, je voyait tout avec netteté, fut-ce à trois cents mètres de ma position. Une fois les migraines passées, je goûtais pour la première fois de ma vie au plaisir d'avoir été modifié.
La super-force ne m'aidait pas, le fait d'être résistant non plus, je ne pouvais même plus tomber malade pour faire sauter mes heures de cours. Mais cela, ça m'ouvrait un nouveau monde à découvrir au moment où je pensais qu'il n'avait plus rien à m'offrir si ce n'est 'être le jouet de quelqu'un. Au bout d'une heure, je commençais à sentir quelques crampes. Foutus muscles, rester sans activité trop longtemps me faisait mal depuis quelque temps. Mon père disait que c'était à cause de la croissance et que ça passerait aux environs de mes vingt et un ans. Je me levais et prit le ballon de basket dans le garage. Je lance, et switch. Ainsi pendant vingt-minutes, pas une balle ne rate le filet, sans toucher l'arceau. Il n'y avait pas de plaisir à jouer, aucune peur de l'échec, ce dernier m'est impossible. Rien à apprendre, je suis lentement programmé au fil des ans pour réussir n'importe quelle tâche physique. Alors je joue telle une machine, je ne compte pas les points, après tout je suis seul et j'ai déjà essayé de faire la compétition à moi-même. J'en viens toujours a essayer de tricher pour gagner tout seul.

A ce moment là, alors que j'envois une énième balle, je sens quelque chose dans ma nuque. Quelqu'un me regarde. Je ne prête pas attention d'abord, Jenny la voisine avec qui j'avais flirté il y a quelque mois me regardait de temps en temps. Quand elle était là, je faisait exprès de rater ce que j'entreprenais pour ne pas éveiller les soupçons. Je lançais encore, le regard était toujours là, mais il n'était pas seulement là, il était inquisiteur, il était concentré. Je me retournais, là, sur le trottoir d'en face, devant la maison Callahan, un homme se tenait debout. Un immense gaillard, très musclé, un peu typé avec de la barbe et des cheveux longs. Il ne détourna pas le regard quand je je posa les yeux sur lui, la réaction qu'aurait adopté tout homme prit en flagrant délit d'observation. Il avait quelque chose d'indéchiffrable, une assurance inébranlable, mais aussi de la colère.
Je prit peur, était-il en colère contre moi? L'avais-je déjà croisé quelque part? Je fouillais dans mes souvenirs à toute vitesse mais rien ne me vint. Je me retournais, comme pour dire : "c'est bon maintenant, tu as vu que je t'ai vu, tu peux passer ton chemin". Le regard était toujours là, je faisait quelques paniers pour faire bonne mesure et jeta un discret coup d'oeil en rattrapant la balle au sol. Il n'était plus là. Cette curieuse rencontre m'avait laissé un goût étrange, de curiosité, mais aussi de trouille. Il avait été là pour moi, j'en avais la certitude. C'était stupide, déraisonné, mais j'en étais sûr, cet homme, je le reverrais.  

Andal Skirata & Charlie Turner
An 2122

J'ai vagabondé dans les zones ciblées, sans vraiment y croire. Mon père devait se montrer prudent, peu de chances que je lui tombe dessus comme ça juste parce que j'en ai vraiment envie. J'ai beau essayer de me servir de certains éléments que je connais sur lui, ça ne mène nul part, probablement même que ça ne mènera nul part. Alors j'y vais au petit bonheur la chance comme on dit. Continuant d'écouter aux portes toutes les rumeurs et essayant d'espionner un peu les locaux au cas ou je le trouverai. Il m'aura fallu deux jours sans repos et une grande dose de chance pour que je trouve une piste potable. En l’occurrence  un jeune homme, quinze ou seize ans grand max. Il se croyait seul et jouait au basket, rien d'étonnant jusque là. En revanche c'est la précision de ses tirs et sa rapidité qui m'ont interpellés, seul un surhomme pouvait effectuer de tels mouvements sans erreurs. Je me suis figé de l'autre côté de la rue, le dévisageant, il a fini par me remarquer. Je me suis peut être un peu emballé car aucune preuve n'allait dans ce sens, mais j'était persuadé que ce gosse était comme moi. Ma colère à enflée en repensant à ce que mon père m'avait fait subir et du coup à ce que le gosse avait lui aussi enduré, peut être en pire si ça se trouve. Sans aucun doute je tenais ma piste.

Après m'être éclipsé je me suis posté afin d'espionner la maison du gosse. J'ai attendu plusieurs heures avant qu'une voiture n'arrive enfin, une femme et un homme. Sur le moment j'ai bien cru que j'avais suivi une fausse piste, jusqu'à ce que je repère des petits détails. Il avait bel et bien changé d'apparence mais on ne lutte pas contre une gestuelle ou des tocs de toute une vie. Sa façon de se tapoter la jambe en un certain rythme, sa façon de rire, sa démarche légèrement boiteuse grâce à moi. Aucun doute mon père était bien là, mais le temps que je réunisse ses informations il était rentré chez lui. Après m'être fait violence pour ne pas débouler comme un malade chez lui, ce qui n'aurait pas été un bon plan il y avait sans aucun doute des système défensifs, j'ai entreprit de concocter un plan.

Ma meilleure chance était de compter sur le gamin, enfin de profiter que l'autre ordure fasse ses expériences sur lui. Déjà ça voulait surement dire que la femme était absente. En effet je rapidement arrêté de la soupçonner en voyant le regard qu'elle posait sur son fils, et vice versa. Non il n'avait pas peur d'elle mais bien de notre père. Et comme elle ne semblait pas être effrayée par lui elle n'était donc pas au courant. Après quelques sondages et consultation de plans et diverses informations, j'ai vite déduis qu'il y avait un sous sol secret et surement gardé. Possibilité d'une sortie dérobée voir deux. Bon sang que c'est dur de raisonner quand tout votre corps ne demande qu'à le tailler en pièces illico. Concentre toi ! Je continue d'observer jusqu'à découvrir une des sorties de secours. Deux gars en sont sortis remplacés par deux autres, donc il y avait une sorte de permanence la dedans et une rotation. J'ai attendus plusieurs jours la relève suivante afin de connaitre leurs mouvements.

Lorsque la 3eme rotation est arrivée je suis passé à l'action. Les deux remplaçants étaient déjà rentrés, j’attendais donc les sortants. Je les ais cueillis et bourrés de baffes pour connaitre la sécurité. Juste besoin d'un passe que je leur ais pris avant de leur briser quelques os pour leur peine. J'ai suivi le couloir, assez long d'ailleurs, jusqu'à arriver à une autre porte fermée. Derrière du bruit, les deux gardes, mais personne d'autre. J'allai devoir attendre la prochaine expérience. Heureusement je n'ai pas attendu très longtemps, moins de 24h en fait. En me fiant aux sons j'ai vaguement compris qu'il installai le gosse sur la table tandis que les deux gars étaient postés non loin pour le maintenir ou l’empêcher de partir. Seul bémol, impossible de connaitre la position de la porte par rapport à la pièce. Je me fichais des gardes mais je voulais éviter de voir mon père se barrer en m'apercevant dès mon entrée. Mais je n'avais pas le choix, alors j'ai investi la salle.

Andal Skirata & Charlie Turner
An 2122, Gotham City, 13 ans en arrière

Aujourd'hui ça ne sera pas douloureux, il me l'a promit. Je pénètre dans la pièce maudite, celle que j'assimile à toutes mes peines, à toutes  mes rancœurs. La table est là, elle n'a pas bougé d'un centimètre. J'aperçois un peu de sang séché sur le coin gauche. Inutile de se demander à qui il appartient.

-Nous allons améliorer ta régénération. Quatre heures pour reformer un organe c'est trop long. La dernière fois que Léo t'a tiré dans le poumon tu as dépassé six heures, imagines si je lui avait demandé de t'atteindre au coeur.

Je frissonnais au souvenir du test opéré par l'homme de main de mon père.

-Non non, ça ne va pas. Ce n'est pas suffisant. On va augmenter le processus. Nous allons passer de plusieurs cellules souches omnipotentes à une seule et même cellule pluripotente. Ca va probablement  te demander plus d'énergie, mais nous travaillerons leur consommation plus tard. Allonge toi et détends toi, je n'aurais pas besoin d'opérer aujourd'hui, les rayons travailleront à ma place.  

Je m'allonges avec résignation, prêt à compter le temps qui défile. les bras de la machines se déploient et me scannent comme à chaque fois. Trente deux minutes, le scan se termine. Trente sept minutes, j'ai une désagréable sensation de picotement un peu partout. soixante-douze minutes, mon père prend le scalpel et entaille mes veines. Le résultat me surprend moi-même, quarante secondes plus tard, c'est refermé. Je sens une lourdeur sur mes yeux. Je cligne des paupières pour me ressaisir. C'est vraiment éreintant.

-Pas mal. Mais ça t'as absorbé vraiment trop de forces, et j'ai simplement entaillé peau, cartilage et vaisseaux sanguins. Je voulais tester un rein mais on attendra un peu, je ne suis pas sur que tu puisses le supporter encore. Reste allongé, je vais calculer les probabilités d'une régénération multiple.

A vrai dire, j'étais bien assez fatigué pour être heureux de lui obéir, pour une fois. Je captais quelque chose d'étrange toutefois. Ce n'étais pas en moi, même s'il y avait bien assez de choses étranges en moi pour écrire un bouquin. Non, c'était différent. Je glissais un regard autour de moi. Les deux gardes n'apprécièrent pas, comme si j'analysais une tentative de fuite potentielle. J'eut toutefois le temps de voir une ombre derrière la porte, deux pieds. Personne  ne venait jamais ici pendant que mon père travaillait, les relèves ne s'effectuaient pas devant moi, comme s'ils craignaient que de voir le battant s'ouvrir me donne des envies de libertés. Pour cela, je serais bien contenté d'un demi-battant à vrai dire...

L'ombre bougea et le fait que je me concentre dessus attira le regard de Léo, le premier babouin armé.

-Monsieur, il y a ...

Ce furent ces derniers mots. Le porte sortit soudainement de ses gonds et percuta le garde avec une force inouïe. L'adrénaline monta soudainement, chassant de manière passagère la fatigue qui me collait à la peau. Léo était déjà méconnaissable, du sang coulant de ses oreilles, une expressions béate sur le visage, probablement causée par la dislocation de sa mâchoire. Le deuxième homme ouvrit le feu sur l'assaillant, en plein torse. Lorsque la fumée se dissipa, je reconnu l'homme qui m'avait observé dans la rue. Je pris peur et en même temps, je commençais à comprendre ce qui était en train de se passer.
Il avait une perforation énorme en pleine cage thoracique. Il regarda le garde avec colère et saisit son arme à feu, faisant feu après l'avoir retournée contre lui. Il n'en avait pas fallu plus à mon père pour se retirer discrètement. L'homme se précipita sur la double battant en fer en vain, il avait disparu. Je me levais avec précaution, me demandant si je serais la prochaine cible de ce fou furieux qu'un 5mm a bout portant n'avait pas arrêté.

Andal Skirata & Charlie Turner
An 2122

Mon entrée ne s'était pas très bien déroulée, la salle était bien plus petite que ce que je j’imaginais. La faute à son ancien laboratoire qui était très grand, encore une erreur de ma part de me calquer sur mes anciens souvenirs. Bref après avoir été à repéré et envoyé bouler le premier garde, le second à réussi à me loger une balle en pleine poitrine. Rien de grave mais ça fait un peu mal, mon organisme renforcé à stoppé la balle avant qu'elle ne pénètre complètement la peau, laissant un léger film rougeâtre à l'endroit. Après m'être débarrassé du tireur je ne peux que piquer une crise en voyant la seconde porte dérobée se fermer. Je m'élance mais le passe ne fonctionne pas, et merde ! Je me retourne vers le gosse, effrayé. En même temps avec le tête que je tire y a de quoi. Je reprend un semblant de maîtrise avant de l'attraper par le bras et le traîner à l'intérieur de sa maison. Je le jette sur le canapé avant de lui adresser la parole.

Bon gamin, on va faire court, je suis Wolfram, membre de la Ligue de Justice. Ton père est aussi le mien et j'ai subi plus ou moins ce qu'il t'a fait subir, surement en pire vu que j'étais son premier cobaye. Avec ma venue il devrait de foutre la paix maintenant et tu devrais en informer ta mère, au moins t'en a une toi. Tout ce que je te demande c'est est-ce qu'il a une autre planque ou des amis chez qui il pourrait se rendre? Une fois que je l'aurai trouvé je le bute sache le.

Je laisse le môme mijoter un peu et je retourne au labo fouiller un peu. Sans surprise rien d’intéressant. Le garde encore en vie remue, il a la mâchoire brisée et de nombreux autres os cassés. Je le fouille, sans succès. Je détruit donc le laboratoire et remonte. Le gamin n'a pas bougé. Je me plante devant lui, il semble complètement exténué et c'est la que je remarque l'énorme plaie béante le long de son bras. Surement mon père qui a pris un échantillon avant de s'enfuir. Heureusement le petit possède un facteur de régénération, mais pas aussi perfectionné que le mien, le sien l'épuise beaucoup. Je le laisse dormir, conscient que la poursuite de mon père est terminée, il a désormais trop d'avance. Tout ce qu'il me reste à faire est d'attendre que le gamin reprenne connaissance.

Andal Skirata & Charlie Turner
An 2122, Gotham City, 13 ans en arrière

Lorsque j'ouvre les yeux, j'ai l'impression d'avoir fait un mauvais rêve, comme si je mon esprit avait profité que je me sois assoupit pour réaliser un vieux fantasme. L'homme dans la rue qui me trottait dans la tête depuis quelques temps et que j'avais relié à notre père et à moi, dans le désir d'être enfin débarrassé de mon géniteur sans pouvoir en être tenu pour responsable.
Je n'ai pas mal, je me porte bien, et je ne suis pas fatigué. Pourquoi je suis sur le canapé, ça s'est un mystère, maman déteste que je dorme dedans. Est-ce que j'avais bu? Il me fallait quasiment deux litres d'eau de vie pour être bourré à cause de mon système immunitaire (ça ça m'avait rendu populaire à l'école), ça me paraissait peu probable. Je me redresse et tombe nez à nez avec lui.

-Woh!

Je me lève d'un coup et adopte une position défensive. Lui est serein, pas du tout comme il l'était dans mon rêve qui n'en était finalement pas un. Je réalise alors tout ce que ça implique, mon père est partit. Pour de vrai. Je lâche un gros soupir de soulagement. Et maman... mon dieu, comment j'allais lui expliquer tout ça??

- Oh non non non.... elle va me tuer...

-Du calme petit. Ton père, où je peux le trouver?

Son intervention me fit sursauter.

-Mon père? Au diable mon père. Je ne risque pas de savoir où il est, ce n'est pas vraiment l'entente cordiale entre nous, vous ne l'aviez peut-être pas remarqué? Qu'il parte loin...

-... et recommence ailleurs? Tu souhaites ce que tu as vécu à un autre enfant? Un homme comme lui est capable de procréer jusqu'à ses quatre-vingt ans pour assouvir sa quête de l'homme ultime.

Il marquait un point. Mais la vérité est que je ne savais pas où il était. Je l'avais toujours connu comme mon père de famille odieux et égoïste, mais comme mon père, avec une seule maison, une seule femme, un seul enfant... et un labo. Labo qui n'existait plus qu'en ruines. Devant son air calme je prit un peu confiance et me rassit. Paraître une menace devant ce type, ce n'était pas une bonne idée.

- Je ne peux pas vous aider. J'aimerais, même si vous venez de me mettre dans la mouise jusqu'au cou, et surtout, tiré de mon père. Mais je ne sais pas, je ne vous suis plus d'aucune utilité. Désolé. La porte est par là, enfin vous savez où elle est.

Pensant que ce congé suffirait, je me plongeais dans mes pensées. Comment avouer quoi que ce soit à maman? Non, je me tairais. Je dirais qu'il était partit dans l'après-midi, me laissant parce qu'il avait quelqu'un à voir. Lorsqu'il ne reviendra pas, je ferais semblant de m'inquiéter. Quant la police m'interrogera, et tombera sur le laboratoire... et merde, y avait mon sang la bas!

-Tout est ok, la Ligue prendra en main l'enquête du labo, la police n'y aura pas accès.

Comment avait-il deviné mes pensées. De plus en plus mal à l'aise, je m'attendais à ce que cette conversation ne soit pas tout à fait finie.

Andal Skirata & Charlie Turner
An 2122

Après avoir attendu un moment pour qu'il reprenne connaissance, mes craintes s'avèrent fondées. Il n'a aucune idée d'où chercher le paternel. Rien d'étonnant mais fallait bien tenter. Je reporte mon attention sur Charlie, car c'est comme ça qu'il s'appelle. Il a tout l'air d'avoir les même capacités que moi, enfin une grande partie, car niveau régénération il est pas terminé. Cependant allez savoir ce que l'autre malade à bien pu lui faire comme autre amélioration que j'ignore. Nul doute qu'il est perturbé aussi, enfin j’imagine. En fait j'ai du mal à comprendre pourquoi il ne s'est pas rebellé contre son père depuis belle lurette, vu ses capacités il en avait les moyens. Surement une trouille enfouie ou sa mère. De plus l'idée qu'il soit mon beau frère ne me fais pas grand chose au final, mais bon je me dois bien de faire un geste envers lui. J'ai beau l'avoir délivré je l'ai aussi foutu dans la mélasse, qu'est-ce que j'adore cette expression au passage.

Bon Charlie, comme je te l'ai déjà dit avant que tu perdre connaissance je suis Wolfram, de la Ligue de Justice. Nous nous occupons des dégâts et des preuves te concernant. Et je te propose par la même occasion de rejoindre nos nouvelles recrues. Tu y apprendra à maîtriser tes pouvoirs, tu t'y fera des amis aussi différents que tu l'es pour des humains normaux, et tu œuvreras pour éviter que ce qui nous est arrivé n'arrive à personne d'autre. C'est tout ce que je peux te proposer. Qu'en dis-tu?

Au fond sa réponse ne me surprend pas, on m'aurait proposé la même chose lorsque je me suis libéré de lui j'aurais refusé net. Mais encore une fois la différence se fait sur nos motivations, moi je voulais me venger coûte que coûte. Lui? Aucun idée et ça me regarde pas, il a pas l'air d'être mauvais alors je lui fait cette fleur, de ne pas le mentionner dans mon rapport qui va forcement me tomber dessus. Val soupçonnera sûrement quelque chose, mais devrait respecter mon choix et lui donner sa chance. Je me redresse de toute ma taille, prenant un air un peu menaçant pour lui glisser une mise en garde, que s'il venait à utiliser ses compétences pour de mauvaises choses, ce n'était pas un lien familial qui m'empêcherait de le mettre au trou avec quelques coups en bonus. Le gamin était encore impressionnable, autant le laisser avec cette image de moi si ça peut lui éviter de faire n'importe quoi. La dessus je le laisse tandis que deux membres de la Ligue viennent pour le ménage en soupirant à mon encontre. Malheureusement, le futur allait me prouver que j'aurai sûrement du le chaperonner un peu.

Andal Skirata & Charlie Turner
An 2122, Gotham City, 13 ans en arrière

- Non.

La réponse était sortie toute seule. Au fond, je l'avais plus dit pour tester ce que cela faisait de dire ce mot, et d'attendre que la réponse soit acceptée. C'était ma volonté. Je ressentit une poussée d'excitation à cette seule sensation. Je ne poussa pas le vice à me répéter, même si j'en mourrais d'envie, juste une fois. Mais cet homme me proposait un destin rêvé par des milliers d'enfants, il méritait plus que ça. Aussi je crut bon d'expliquer:

- J'ai conscience de l'importance de cette offre, mais c'est trop soudain, et ma mère ne peut pas perdre deux personnes le même jour. Elle va avoir besoin de moi, et moi aussi, je vais avoir besoin d'elle. J'ai une chance de vivre comme je l'entends, pour une fois, je ne suis pas prêt à me remettre sous le contrôle de quelqu'un.

Il le prit bien. Peut être un peu de déception, et encore, je n'irais même pas parier mes chaussettes là-dessus. Il me menaça pour faire bonne mesure, et ça marcha. Lorsqu'il quitta la pièce, je ne fis rien, assis sur le canapé, tout se bousculait rapidement, et les mêmes questions revenaient, comment va se passer la suite? Maman, comment va-t-elle réagir? Va-t-on garder la maison?

Toutes ces questions trouvèrent leur réponse à son retour. La police fut appelé, un agent de ligue vint nous parler, il me regardait intensément mais ne fit pas de commentaires. La justice conclut à une fuite de ces septuagénaires qui opèrent un turn-over, changent de pays pour recommencer une vie et se sentir jeunes à nouveau. Le chagrin de ma mère dura deux ans, le mien deux heures. Sans plus de contrôle qu'une mère éplorée, je commença à rester plus tard dehors le soir, à me faire une petite réputation de caïd. Et de fil en aiguille, j'en vint à travailler pour des gens pas recommandables, toujours dans l'ombre, maman pensant que je travaillait honnêtement. ...